Une émission proposée et présentée par Pascale Fourier sur ALIGRE FM 93.1 en région parisienne

 

EMISSION DU 4 MARS 2008

Après l'absence de referendum...

Avec Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne, Président du mouvement "Debout la République "

 

Pascale Fourier  : Des sous…et des Hommes, une émission de Pascale Fourier. Et notre invité, cette semaine, est Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président du mouvement " Debout La République ". Nicolas Dupont-Aignan, je l’ai découvert essentiellement lors de l’épisode du traité simplifié. J’ai lu et écouté ce qu’il disait, autant du moins que les media classiques me le permettaient. C’est que Nicolas Dupont-Aignan…, ouh ! c’est un affreux “souverainiste” ! Quelqu’un qui défend la notion de nation. Pas un Le Pen, certes, mais un gars louche quand même, dont il convient de s’écarter avec quelque horreur. C’est du moins l’image que l’on veut donner de lui. Mais je l’ai lu et écouté. J’ai lu le livre qu’il a fait publier en février Le coup d’état simplifié aux éditions du Rocher, et, définitivement, j’ai trouvé que le lien qu’il faisait entre nation et démocratie était bien intéressant. Alors, grâce à un auditeur, j’ai réussi à le rencontrer après le 4 février et en pleine campagne des municipales : rendez-vous à la mairie d’Yerres dans l’Essonne; une heure d’entretien rapide entre deux rendez-vous; grand bureau couvert de dossiers qui nous séparaient, ce qui fait qu’on entend moins bien l’animatrice que lui, mais qu’importe, puisque ce qu’il est important d’entendre, c’est ce qu’il dit, lui. Vous verrez, on démarre sur l’affaire du traité de Lisbonne, mais pour aller plus loin !

Le fait que le traité de Lisbonne ait été adopté quoique le peuple ait dit non en 2005, c’est symptomatique de quoi ?

Nicolas Dupont-Aignan : C’est symptomatique d’élites françaises qui se croient au-dessus du peuple et qui, quand le peuple n’est pas d’accord, suppriment le peuple. C’est tellement plus simple !…Et c’est extrêmement grave puisque cela “décrédibilise” notre démocratie et, surtout, entraîne l’Europe sur une mauvaise voie. On n’a pas encore vu toutes les conséquences dramatiques de ce passage en force, de ce viol de la conscience populaire.

Pascale Fourier : Mais c’est un accident dans la construction européenne, ou elle ne peut être que comme ça ?

Nicolas Dupont-Aignan : Je crois que vous posez la juste question : le système qui a été mis en place, oligarchique, d’une Europe qui, finalement, est construite contre les peuples alors qu’elle devrait s’appuyer dessus, en arrive à un point où on ne peut plus avancer. Ils ne peuvent plus avancer qu’en violant les peuples, c’est-à-dire un peu comme un système autoritaire se transforme en dictature lorsque les gens commencent à réagir. Et comme les peuples d’Europe ont commencé de réagir - notamment à l’occasion du référendum où deux peuples europhiles et qui n’étaient pas contre l’Europe, et notamment le peuple hollandais, mais aussi le peuple français, qui n’a pas voté contre l’Europe mais contre ce dévoiement de l’Europe ont dit “non”, se sont cabrés - à partir de ce moment-là, dans leur fuite en avant, les oligarchies de Bruxelles, de Francfort, de Luxembourg, de tout ce petit monde qui gravite sous l’influence des lobbies, ne pouvaient pas faire autrement que passer en force.

Et c’est là que c’est un crime contre l’idée européenne. Ce que j’essaie de bien expliquer dans mon livre, c’est qu’il ne faut pas confondre la mauvaise Europe et la bonne Europe : il y a une très belle idée européenne qui est porteuse de paix entre les nations, porteuse de progrès social, qui a été au lendemain de la guerre un élément-clé de la réconciliation entre les Français et les Allemands. Cette belle Europe, j’y suis favorable.

En revanche, à partir principalement du marché unique, c’est-à-dire de 1992, puis ensuite du traité de Maastricht, il y a une dérive. Cette Europe s’est muée en une mauvaise Europe, c’est-à-dire, une Europe qui donnait des pouvoirs considérables à des oligarchies non élues : la Commission de Bruxelles, la Banque Centrale Européenne, la Cour de Justice. Et cette Europe, finalement, est devenue une Europe oligarchique au service des intérêts des plus puissants, c’est-à-dire des intérêts économiques, et principalement des intérêts économiques américains ou japonais, et étrangers à l’Europe. Et, à partir de ce moment-là, on a bien vu que cette mauvaise Europe gangrenait complètement la belle idée européenne et qu’obligatoirement les peuples - qui ne sont pas idiots - démocratiques, et qui avaient deux siècles pour la France, et un peu moins pour d’autres, d’histoire démocratique, se rendaient très bien compte que les délocalisations, que les lobbies, que l’argent-roi faisaient la politique de Bruxelles. Et qu’au lieu de construire l’Europe, on cherchait plutôt à être le cheval de Troie d’une mondialisation extrêmement dangereuse pour l’humanité. Et très vite, les peuples ont commencé à râler. Et évidemment comme le système tient tout, les principaux médias, les principaux intérêts, on caricature ceux qui s’élèvent contre cette Europe-là comme des dangereux nationalistes, des souverainistes, des gens d’extrême-gauche ou d’extrême droite. Et on veut faire croire au peuple français qu’il n’y a pas d’autre alternative. Mais quand on est confronté au suffrage universel, on l’a vu en mai 2005, eh bien les français ont su très bien choisir, alors même qu’il y avait une disproportion éclatante de moyens entre ceux du “non” et ceux du “oui”. Donc on voit bien qu’on est à un instant crucial, que ce traité de Lisbonne va rendre profondément illégitime la construction européenne et qu’il va falloir préparer l’Europe d’après.

L’Europe d’après, c’est quoi ? C’est une Europe qui a des frontières ; c’est une Europe qui sert le progrès social ; c’est une Europe qui se protège de cette mondialisation inhumaine et qui essaie de la reconstruire pas simplement par des protections, mais par une offensive ; c’est une Europe qui investit dans la science, dans les hautes technologies, dans l’environnement, dans la culture ; c’est l’Europe universitaire. C’est une très belle Europe que je propose. On me dit que je ne propose jamais rien, mais c’est faux ! Je propose beaucoup de choses. Simplement on ne veut pas dire aux français et aux autres peuples ce que nous proposons, parce que, évidemment, ça n’a rien à voir avec ce qu’ils nous font.

Pascale Fourier  : Comment serait-il possible de passer de l’Europe dans laquelle on est à une autre forme d’Europe, que vous proposez mais que peuvent aussi proposer d’autres gens à gauche à peu près sur la même formule ?

Nicolas Dupont-Aignan : Bien sûr, il n’y a aucune différence entre la gauche et la droite entre ce que je peux proposer et ce que proposent des gens comme Chevènement, comme Mélenchon et autres. Simplement, le système gauche-droite est tellement pesant que, immédiatement, on a peur de s’afficher avec x ou avec y. Tout ça est ridicule. Mais comment ça peut marcher ? Moi je crois que ça marchera parce que cette Europe-là va s’écrouler. Mais elle va s’écrouler gravement et dans des souffrances d’ailleurs terribles puisque, comme on ne va pas la réformer - elle ne peut pas se réformer; en fait, elle est irréformable...- eh bien il faudra qu’elle s’écroule.

La première étape sera l’explosion de l’€uro, que je prédis pour entre deux et dix ans, quand l’Italie sera obligée de sortir de l’€uro, quand la France sera obligée de sortir de l’€uro. On dira “que se passe t-il ?” alors qu’on aurait très bien pu corriger l’€uro et qu’il est encore temps de le corriger, mais non ! “Ils” ne veulent pas comprendre.

Ensuite, regardez les mouvements de population entre la Roumanie et l’Italie, la résurgence de nationalismes, de haines qui s’explique tout simplement parce qu’on ne peut pas supprimer les frontières d’un coup et qu’il eût mieux valu des frontières mieux contrôlées pour éviter des mouvements migratoires qui en fait servent de pression sur les bas salaires pour que finalement on puisse encore réduire les avantages sociaux dans nos pays... Les avocats des sans-papiers sont les meilleurs alliés du MEDEF, ils fonctionnent main dans la main. Les bobos libéraux fonctionnent dans la main du MEDEF parce que leur intérêts sont convergents : au nom des beaux principes, en fait, surtout, on fait trimer les gens de plus en plus durement pour des salaires de misère. Malheureusement, il y aura la preuve par l’exemple. Ce qui est terrible parce que nous sommes un certain nombre sur l’échiquier politique à dire : « Voilà ce qui va se passer ». Il ne faut pas que cela se passe! Et on retrouve le terrible enchaînement d’entre-deux-guerres où des gens lucides disaient : «  Mais il faut arrêter cette folie ! » Et là, on a exactement le même syndrôme. Moi je pense qu’on va au-devant de très graves catastrophes. Je le regrette. J’espère qu’on s’arrêtera avant mais, vue la manière dont évoluent les choses, je ne vois pas comment on va s’arrêter avant une révolution, avant des heurts, avant des racismes, avant des haines qui vont faire exploser le système.

Alors, espérons qu’on n’en arrivera pas là, et espérons que, très tôt, on pourra présenter des offres alternatives politiques... Il y plusieurs étapes. Il y a par exemple l’élection européenne du mois de juin prochain, juin 2009, dans un an et quelques mois, où j’espère pouvoir, avec les gaullistes et les républicains, présenter des listes différentes. Et, j’espère, pourquoi pas, qu’on pourra ouvrir ces listes à des gens de gauche et de droite pour dire «  vous allez avoir l’occasion de voter pour des gens qui ont un projet réaliste ». Parce que, il faut être honnête, ce n’est pas l’extrême-droite de Monsieur Le Pen, et ce n’est pas non plus, parfois, l’extrême-gauche de Monsieur Besancenot qui vont nous apporter les réponses. Il faut donc qu’on arrive à présenter une offre politique alternative solide, sérieuse, crédible sur l’échiquier français. Premier point.

Deuxième point, le mouvement est général en Europe. J’étais content ce “week-end” parce que Václav Klaus a été réélu président de la république tchèque et c’est un euro-sceptique, dit-on. Mais pas du tout, c’est un type très raisonnable et très bien, qu’on présente toujours comme un dangereux souverainiste. C’est un type très bien qui a tout compris. Ce qui se passe en Hollande, ce qui se passe en Italie, ce qui se passe dans tous les pays prouve qu’il y a des gens de valeur qui ont envie de construire une autre Europe. Donc je pense qu’il va y avoir, grâce à la démocratie, grâce à des radios libres comme les vôtres, une prise de conscience populaire de la faillite de ce qu’ils nous proposent et de la nécessité d’autre chose. Toute la question est de savoir si on est capable de présenter cette autre chose, concrètement.

Par exemple, moi je propose l’Europe des coopérations : ça veut dire quoi ? Cela veut dire une Europe à géométrie variable, thème par thème. Pourquoi ne pas faire par exemple 27 universités européennes, une université européenne dans chaque pays: ce n’est pas “ Ronchon ! scrogneugneu ! je défends la France avec le béret et la baguette “, c’est utiliser le meilleur de chaque pays et s’appuyer sur les nations et les peuples pour construire l’Europe. Et ce sont toutes ces idées que je voudrais faire passer. Alors, il va falloir le faire avec les gens de bonne volonté et on commence à " Debout la République ", mais aussi avec d’autres, à pouvoir essayer de faire ça.

Pascale Fourier : Est-ce qu’il n’y a pas une nécessité de dépasser la notion de nation ?

Nicolas Dupont-Aignan : Je ne crois pas : moi je crois que la nation, c’est le bon équilibre entre l’universel et le singulier, c’est-à-dire, entre l’individu et l’universel. Et c’est au niveau de la nation qu’il y a la fierté. Vous savez, Jaurès disait : “La nation, c’est le seul bien du pauvre” (enfin il ne le disait pas comme ça, mais c’était ça !). Je crois au sentiment national comme un élément de rassemblement et comme un repère essentiel dans le monde d’aujourd’hui, ce qui n’interdit pas un sentiment d’appartenance au monde, qui dépasse d’ailleurs de très loin l’Europe. C’est pourquoi la construction européenne ne remplacera jamais une nation : elle est coincée entre la nation et la mondialisation. Donc, pour moi, elle est condamnée. On peut avoir des coopérations européennes, mais demandez à un jeune, il se sent aussi proche d’un américain, d’un japonais, d’un brésilien que d’un tchèque ou d’un polonais. Pourquoi ? Parce que la mondialisation est allée plus vite que l’européanisation dans cette fin du XX° et ce début du XXI° siècle.

Il faut arriver à recentrer l’Europe sur les choses essentielles, se servir de l’Europe pour être un multiplicateur de puissance, et survivre dans la mondialisation. Mais il faut garder nos sentiments nationaux, notre partage de valeurs européennes et le sentiment d’appartenance à un monde unique qu’il faut protéger, et les trois vont ensemble donc, moi, je crois qu’on aura trois fidélités :
- on aura la fidélité nationale qui reste la fidélité la plus forte parce que les gens vibrent pour leur nation ;
- on aura l’intérêt - bien compris - européen ;
- et on aura l’instinct de survie mondiale.

Voilà si je devais résumer : sentiment national, intérêt bien compris européen et instinct de survie mondial. Et ce sont ces trois qui devront s’articuler. Mais il faut prendre garde, si l’on perd la maîtrise de notre destin au niveau national, la maîtrise démocratique, on ne peut plus modifier l’Europe, et on ne pourra pas changer le monde, parce que pour changer le monde, la France ne peut pas le faire toute seule, elle a besoin de l’Europe, c’est clair.

Je prends un exemple : si on voulait mettre une taxe carbone (comme j’ai le projet de le faire) sur le kérosène - c’est évident qu’il faut le faire, c’est un scandale que le seul carburant qui n’est pas taxé soit celui qui pollue le plus - et si on le fait seul au niveau national, les avions n’iront plus s’approvisionner à Paris, ils iront s’approvisionner à Bruxelles avant d’arriver à Paris. Donc on ne peut pas le faire. Mais il faut le faire au niveau européen par exemple, mais au niveau européen, on ne peut le faire que si on a les moyens de bloquer la construction européenne quand on n’est pas d’accord. Sinon, si on laisse la Commission, la Banque Centrale, la Cour de Justice décider de tout et qu’on supprime la démocratie française, alors là c’est fini pour deux cents ans.

Donc, vous voyez que, pour moi, la démocratie nationale est la seule démocratie qui peut permettre à ceux qui veulent un autre monde de s’exprimer et de peser sur le cours des choses à la fois de la nation, de l’Europe et du monde. Et c’est pourquoi je suis radicalement hostile au fonctionnement supra-national de l’Europe d’aujourd’hui, parce que c’est la fin de toute démocratie : on supprime les démocraties nationales mais on ne crée pas une démocratie européenne, sans parler de démocratie mondiale.

Pascale Fourier : En quoi on supprime la démocratie française par exemple ?

Nicolas Dupont-Aignan : C’est très simple, puisque le suffrage universel ne servira plus à rien, ou à très peu de choses. Voilà : vous élisez déjà des députés qui votent 20% des lois qui s’appliquent et vous allez demain élire un président de la République qui sera impuissant face à une loi de la majorité au niveau européen. Je prends un exemple très simple : les négociations commerciales internationales, les droits de douane, l’OMC. Avant, il y avait le droit de veto de la France. Depuis le traité de Lisbonne, il n’existe plus. Cela veut dire que la France étant minoritaire sur les droits de douane écologiques et sociaux, si Monsieur Mandelson (l’ami de Monsieur Sarkozy et de Monsieur Blair, et de Monsieur Bush) - Monsieur Mandelson à qui on a confié les négociations commerciales de l’Europe, ce qui est quand même un comble - négocie n’importe quoi dans le fameux le cycle de Doha et que, sur les 27 pays, il y a une majorité de pays qui sont pour faire n’importe quoi au niveau du libre-échange mondial, eh bien, Monsieur Sarkozy aura beau s’époumoner, il sera obligé d’accepter. Et s’appliqueront donc à la France des lois internationales contre sa volonté. C’est un abandon de souveraineté - c’est-à-dire de démocratie - colossal ! Parce que, si les caissières - je voyais l’article ce matin - si les caissières de Carrefour, (les salariés français si les délocalisations s’accélèrent), si les caissières sont dans la misère, c’est bien parce que nous avons un système de pression sur les prix et de concurrence déloyale au niveau mondial, et que c’est sans fin ; c’est un cercle vicieux ; c’est un nivellement général par le bas. Ce nivellement général par le bas, si on ne comprend pas que l’Europe supra-nationale en est le complice, on n’a rien compris.

Et c’est là que les socialistes français n’ont rien compris, je ne parle pas de tous les socialistes, je parle des dirigeants socialistes qui continuent à parler d’Europe sociale alors que l’Europe qu’ils construisent et à qui ils donnent tous les pouvoirs est profondément anti-sociale. Donc il y a un moment où il faut regarder les choses en face : d’un coté le PS, de l’autre l’UMP ne se donnent pas les moyens d’appliquer les programmes pour lesquels il se font élire. Le dernier exemple en date, c’est Monsieur Sarkozy qui a fait toute sa campagne sur nos thèmes et qui, une fois élu, se couche complètement. Donc c’est tromperie totale sur la marchandise ! Mais Madame Royal, si elle avait été élue, aurait fait exactement la même chose, je n’en ai aucun doute ! Elle a oublié sa promesse de référendum six mois après l’élection, alors même qu’elle pouvait bloquer le système. Donc cela prouve qu’ils ne sont pas sincères, qu’ils obéissent, en fait, à des mots d’ordre venus d’ailleurs, ce sont des gérants, voilà ! Mais les propriétaires des murs sont déjà ailleurs, alors que c’est le peuple qui devrait être propriétaire des murs. Eux, les hommes politiques ne sont que les gérants du peuple, mais là, le peuple n’est plus propriétaire des murs, et ils sont devenus les gérants d’un ordre mondial qui prend ses ordres ailleurs.

Pascale Fourier : Certains pourraient vous dire - c’est ce qu’on dirait dans les milieux classiques - que la France n’a pas à imposer ses désirs aux autres nations européennes..

Nicolas Dupont-Aignan : C’est clair, mais les autres nations européennes n’ont pas à imposer leurs désirs à la France, surtout quand il s’agit de revenir en 1792 où Marie-Antoinette fuyait avec Louis XVI voir les princes de l’ancien régime. Eh bien, Nicolas Sarkozy, tel Marie-Antoinette, a fui pour retrouver Merckel et les autres qui sont les princes de l’Ancien Régime : rien n’a changé. Rien n’a changé. Tout ce petit monde se retrouve sauf qu’ils sont élus, mais ils n’obéissent plus à leur peuple. Eh bien, ça ne peut que très mal finir. Voilà ! c’est tout ! Certes la France n’a pas à tout dicter, mais la France a le droit de choisir son modèle social. Si la France a un service public de la Poste, c’est pourquoi ? C’est parce qu’elle a un territoire plus vaste, avec des zones désertiques que n’a pas l’Angleterre ou l’Allemagne, ou la Hollande, ou le Bénélux. Donc la France a quand même le droit d’avoir un service public. Mais non ! On considère que l’Europe, dans leur mentalité, l’Europe doit tout contrôler, tout décider, tout niveler. Non, on peut très bien construire l’Europe sur les nations, sur les peuples, la coopération à géométrie variable. Et pourquoi la France n’aurait pas le droit d’avoir une Poste qui est présente dans ses villages? Donc il faut l’accepter. Simplement, ils ont mis en place un système absolument redoutable qui est la concurrence libre et parfaite, qui est une idéologie totalitaire : on est passé du totalitarisme communiste au totalitarisme ultra-libéral. Voilà ! Toutes les élections se gagnent contre, mais une fois au pouvoir, ils sont dans la nasse. Le bras, la main, tout y passe ! Donc ça ne peut pas durer ; ça ne peut pas durer! Et s’il y a eu un tel espoir pour Nicolas Sarkozy aux dernières élections, c’est parce qu’il a dénoncé cela, comme Jacques Chirac l’avait dénoncé en 1995, comme François Mitterand l’avait dénoncé en 1981, mais ça fait 25 ans que ça dure ! ça fait 25 ans qu’on trompe les français, on ne peut pas continuer comme cela. C’est tout ! C’est très simple en fait.

Pascale Fourier : Des Sous.. et des Hommes. On est en compagnie de Nicolas Dupont-Aignan qui m’étonnait grandement parce qu’on aimerait parfois entendre des socialistes tenir des propos tels que les siens… Suite de notre entretien...

Pendant l’affaire du traité de Lisbonne, j’ai écrit à de nombreux députés, et tout à l’heure, vous disiez justement “ils sont élus”. Et justement, on m’a répondu “ puisque je suis élu, donc j’ai à prendre “LA” décision par rapport au traité de Lisbonne”

Nicolas Dupont-Aignan : Oui, mais comme ils ont tellement mauvaise conscience, ils ne veulent pas voir... Relisez le discours que j’ai prononcé à l’Assemblée, le dernier sur la question préalable : je pense avoir tout expliqué dans ce discours qui est sur le site internet http://debout-la-republique.fr/ . Ils ont mauvaise conscience, d’ailleurs beaucoup sont venus me voir en me disant: « C’est toi qui as raison, mais on ne peut pas voter contre ». Voilà, triste pays... « Tu as raison, mais je vais quand même voter “oui” ». Des députés, des collègues, sont venus dans l’hémicycle me dire ça... Incroyable ! Donc, ça c’est parce qu’ils ont mauvaise conscience. C’est ce que disait Madame Morano, avec qui je débattais ce matin à France Info : « Le président a été élu donc... ». Non ! on n’a pas donné un chèque en blanc!Ca veut dire quoi, ça ? À ce moment là, c’est le mandat impératif ! C’est n’importe quoi ! Cette classe politique, médiatique, financière, est complètement mort-née, je suis désolé de le dire, je vais paraître violent, mais il n’y a rien à en tirer ! Ils n’ont rien compris et malheureusement ils passeront dans le chaos de l’Histoire. Mais le problème, c’est qu’il y aura le chaos. Et qui paye le plus dans le chaos ? Ce sont les plus faibles et les plus modestes.

Moi, ce qui me fait de la peine, aujourd’hui, c’est que je suis convaincu qu’on ne peut pas continuer comme cela, je suis convaincu que tout cela va s’effondrer. Simplement, une fois de plus, ce sont les plus modestes qui paieront, et notre pays qui souffrira, alors que ce serait si simple de prendre en mains les choses. Il eût été si simple pour Nicolas Sarkozy, élu président de la République avec la majorité confortable qu’il avait, après le référendum du 29 mai, de dire à ses partenaires:“Mes amis, la France ne signera pas ce traité. On revoit tout”. Eh bien, il y aurait eu une crise. Quelle crise ? Rien ! Le peuple français aurait dit “stop”. Mais c’était son devoir de dire stop, comme en 1848, il a dit “stop”, comme en 1789, il a dit « stop ». Mais ça, c’est dans nos gènes, on est comme ça, on est un peu râleur, on est un peu protestataire, on est idéaliste, mais c’est bien ! Lech Walesa disait : “Un jour les peuples d’Europe remercieront la France d’avoir dit non“, en 2005 ». Lech Walesa ! Pourquoi ? Parce que c’est un homme qui voyait un peu le sens de l’Histoire!Mais on a des boutiquiers qui sont d’ailleurs, en plus, gérants, et qui prennent leurs ordres chez leurs copains, qui n’ont pas compris le monde vers lequel on allait.

Quand je vois, par exemple la grande distribution qui mégote le ticket- restaurant des caissières de Marseille 3€50 au lieu de 3€00 alors qu’elles demandaient 4 €, quand on voit la misère qu’il y a dans notre pays et la réaction de certains, on se dit qu’on est revenu un siècle en arrière. Et je crois qu’on doit faire des efforts de productivité, on doit s’armer. Je ne suis pas du tout pour le SMIC à 2000 € demain matin. Il y a un effort de compétitivité de la France ; je suis pour des réformes de l’Etat, je suis pour de la rigueur, mais je suis pour l’effort de tous au profit de tous, et la France ne s’en sortira pas sans efforts, mais aussi sans partage et, en fait, on a le choix de la gauche qui prône le laxisme général auquel d’ailleurs elle ne croit même pas (je parle de la gauche de gouvernement. Quant à la gauche de protestation, elle sait qu’elle ne viendra pas au pouvoir, donc elle se fait plaisir) et puis de l’autre côté, la droite qui dit l’effort pour certains au profit de toujours les mêmes, et ça, ça ne peut pas marcher non plus !

Il faut qu’on arrive à présenter quelque chose de cohérent, l’effort de tous au profit de tous ! C’est par exemple la réforme de la participation pour que les français soient actionnaires de leurs entreprises, c’est la réforme des droits de douane, c’est la TVA sociale, à laquelle je suis favorable et qu’on a décrédibilisée. Bref ! C’est un ensemble de réformes pour que notre pays s’en sorte dans la mondialisation. Il ne s’agit pas de dire : " On arrête tout ", et on fait de fausses barrières à l’albanaise, mais il ne s’agit pas non plus de faire suer le burnous, toujours le même parce que ça, ça va exploser ! On ne va pas continuer comme ça surtout dans notre pays !

Voilà ! Je me lâche. Pardonnez-moi:je vous dis ce que j’ai sur le cœur...

Pascale Fourier : C’était Des sous… et des hommes en compagnie de Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président du mouvement " Debout la République ". Un Gaulliste en somme. Etonnants, ses propos, non ? Eh bien, nous le retrouverons la semaine prochaine pour un nouvel entretien, puisque j’avais droit à une heure de rencontre. On parlera de la droite et de l’histoire de la droite....

A la semaine prochaine.


 

Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l'usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous...et des Hommes du 4 Mars 2008 sur AligreFM. Merci d'avance.