Une émission proposée et présentée par Pascale Fourier sur ALIGRE FM 93.1 en région parisienne

 

EMISSION DU 11 MARS 2008

Comment la droite est-elle devenue libérale ?

Avec Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne, Président du mouvement "Debout la République "

 

Pascale Fourier  : Et notre invité aujourd'hui sera Nicolas Dupont-Aignan, député non inscrit de l'Essonne, gaulliste diront les uns, épouvantable souverainiste diront les autres, Président du mouvement "Debout la République".

Je vous rappelle le contexte : j'avais mieux découvert Nicolas Dupont-Aignan à l'occasion de l'affaire du Traité de Lisbonne, j'avais lu son livre "Le coup d'état simplifié" publié aux éditions du Rocher, et j'avais réussi à obtenir un rendez-vous avec lui après le vote sur la révision constitutionnelle lors du congrès du 4 février à Versailles. Mais peu m'importait parce que ce que j'avais lu dans son livre était intéressant au-delà des circonstances politiques particulières de février 2008.
J'avais rendez-vous avec lui à la mairie de la ville d'Yerres pour une heure d'entretien entre 16 heures et 17 heures. Comme il était arrivé un tout petit peu en retard, j'avais négocié la fin de l'entretien à 17 h 10. À peine finie la première partie de l'entretien que vous avez pu entendre la semaine dernière, hop, on a enchaîné sur un autre thème : la droite, les droites. Il est vrai qu'il est plutôt rare d'entendre dans Des Sous quelqu'un se revendiquant de droite, même si c'est arrivé quand c'était possible. Alors j'en ai profité : 2 fois 10 minutes d'entretien mené tambour battant. Vous aurez le droit de respirer dans neuf minutes avec une pause musicale. C'est parti.


L'histoire de la droite, c'est un sujet que je ne connais pas du tout, mais cependant j'ai un étonnement : comment se fait-il que la droite soit devenue libérale ? Ça s'est fait par quel biais ?

Nicolas Dupont-Aignan : Je crois que c'est différent. Il y a toujours eu une droite libérale. Simplement il y a eu une parenthèse gaulliste. La droite libérale s'est déconsidérée avec Vichy, comme une certaine gauche d'ailleurs, il faut être clair. Et, en vérité, j'ai le sentiment qu'on est à la fin d'un cycle, qui est le cycle de la reconstruction de l'après-guerre. Il y a eu avec le général De Gaulle, allié d'ailleurs aux communistes, allié à des personnalités de tous les horizons politiques, une reconstruction en France, où on a tiré les leçons de l'entre-deux-guerres. Cette reconstruction, quoi qu'on puisse penser du général De Gaulle, quels qu'aient été les débats entre la droite et la gauche, il y avait un accord sur ce que j'appelle « les fondamentaux républicains du pays » : la laïcité, l'indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis, le progrès social... Bref, un ensemble de valeurs partagées.

Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est qu'au fur et à mesure du temps, les valeurs gaullistes se sont évaporées à droite, on a perdu le fil de la leçon de l'après-guerre. Par exemple le pluralisme de la presse, le fait que la presse et les médias ne devaient pas à être aux mains des intérêts. Ils l'ont été dans l'entre-deux-guerres. Les journaux ont été collaborationnistes, c'est pourquoi, à la Libération, ils ont été supprimés et qu'on a renouvelé les titres, les syndicats, tout le monde. Donc il y a une espèce de grand renouveau, d'oxygénation, dans des circonstances tragiques, à la fin de la seconde guerre mondiale. Et je crois qu'on est à la fin de ce cycle, et qu'un nouveau cycle est arrivé. Et dans ce nouveau cycle, on a revu la vieille droite libérale conservatrice de l'entre-deux-guerres, comme on a revu la gauche - j'allais dire molletiste - la gauche un peu...

Voilà : on revoit ce qui n'a cessé d'exister. Il y a eu toujours plusieurs droites et plusieurs gauches. Moi, je me rapproche plus d'une droite républicaine - certains diraient bonapartiste par certains côtés -, encore que le clivage-même droite/gauche est passé, je crois aussi, de beaucoup. Parce que, aujourd'hui, pour qu'il y ait encore une droite et une gauche, il faut qu'il y ait une idée de Nation et de démocratie. S'il n'y a plus que des consommateurs, il n'y a plus de citoyens.

Je crois que le grand défi de demain - et pourquoi aujourd'hui, qu'on soit de droite ou de gauche, il y a un clivage différent - c'est de savoir si on est républicain ou pas ? Ou si on est supranational, mondialiste ? Moi je crois que, à droite comme à gauche, il y a des personnalités politiques qui disent : « Attention ! On a joué avec le feu ! Et une certaine gauche comme une certaine droite ont laissé se dilapider l'héritage de la Résistance, de la Libération, cet idéal qui était parfois, bien évidemment, utopique, mais cet idéal de société républicaine qui a quand même donné la croissance au lendemain de la guerre, qui a reconstruit le pays".

Aujourd'hui, il y a beaucoup de personnalités - c'est le sens de l'appel que j'ai signé avec l'hebdomadaire Marianne cette semaine - il y a beaucoup de personnalités qui disent : « Attention, avant même de se disputer entre nous, on a des valeurs communes ». Et le Président de la République, pour ne pas le nommer, qui a été élu sur un projet, redevient aujourd'hui tel qu'il est au fond de lui-même, un atlantiste, profondément sceptique sur la laïcité française et sur la République, qui est plus proche de Neuilly-sur-Seine qui n'a rien à voir avec la France.... Et, en fait, chassez le naturel, il revient au galop. Il s'est fait élire sur des thèmes de campagne d'Henri Guaino et puis, une fois au pouvoir, au bout de six mois, il est ce qu'il est. Il a toujours été favorable à l'OTAN, favorable à Bush, favorable à une société religieuse plus que laïque. On voit les dégâts maintenant. Moi je l'ai dit avant puisque je m'étais présenté face à lui. Il m'a empêché d'avoir les signatures, mais je n'ai jamais changé d'avis sur ses convictions profondes, qu'il a décidé de dissimuler pour se faire élire.

Donc, maintenant, je crois que l'enjeu, c'est de préparer l'après-Sarkozy. Il faut être clair. L'enjeu, en tout cas de mon côté, c'est de préparer l'après-Sarkozy, et je crois qu'il y a des personnalités, qui vont de Bayrou à Villepin, à moi-même, tout à fait capables de préparer autre chose. Et puis il y a la gauche qui doit se renouveler aussi. Et tout ça va peut-être former un nouveau paysage politique dans 4, 5 ans, beaucoup plus vite qu'on ne le croit d'ailleurs.

Pascale Fourier : Qu'est-ce qui fait que ces valeurs de l'après-guerre ont disparu ? Il y a quelque chose qui s'est passé : quand j'étais petite, les valeurs gaullistes étaient encore portées, me semble-t-il....

Nicolas Dupont-Aignan : Il y a plusieurs choses. Il y a d'abord une chose dont il ne faut pas se moquer, et où Sarkozy a raison - je suis rarement d'accord avec lui, mais là il a raison -, c'est qu'on a fait une sorte de musée de ces valeurs, c'est-à-dire qu'on n'a pas su les renouveler et réformer la France.

Je prends un exemple, celui du service public. Le service public est devenu la défense des acquis sociaux - entre nous les plus injustifiés. Et donc, on a déconsidéré par exemple les services publics. Un exemple, c'est la SNCF fret. C'est devenu tellement ingérable que les marchandises passent par la route. Je caricature parce que j'ai beaucoup de respect pour les cheminots par ailleurs qui ont fait une grande réussite avec le TGV. Donc il ne faut pas caricaturer, toute la SNCF n'est pas comme ça. Ce qu'Air France serait devenu s'il n'y avait pas eu Christian Blanc, qui a été un grand président d'Air France, qui, à un moment, a dit : « Stop, on arrête de... » Vous voyez.

Donc je crois que le modèle républicain hérité de la seconde guerre mondiale s'est encroûté, pour parler franchement. Et qu'on a confondu toute mesure visant à le réformer avec la destruction du modèle. Et donc il s'est encroûté. Donc la France est devenue un pays qui ne s'est pas réformé, c'est-à-dire qui n'a pas su faire les réformes de structures nécessaires. Je pense à l'Education nationale par exemple. L'Education nationale qui s'est complètement encroûtée et où on nous explique qu'on apprend à lire aux enfants alors qu'on ne leur apprend plus à lire correctement et où toute remise sous tension du système est perçue comme une remise en cause de l'Education nationale, ce qui est absurde.

Donc je crois qu'il y a eu beaucoup de faiblesse. On a fait croire que, finalement, ce système pouvait durer éternellement, qu'on pouvait toujours dépenser plus pour la Sécurité sociale, que le service public pouvait marcher comme ça, que l'Education Nationale, ce n'était pas grave si nos enfants ne savaient pas lire et écrire, et que tout ça, c'était bien parce que c'était bon pour leur épanouissement. Et donc il y a eu, je pense, une dérive laxiste. Et la République, c'est une exigence. Et ce laxisme a déconsidéré ces valeurs. Et à un moment, quand le chômage s'accroît, quand le service public fonctionne mal, quand l'Education Nationale laisse 20 à 25 % des élèves sans savoir lire à la fin du collège, eh bien, il y a moment où les gens perdent patience. Et c'est à ce moment-là qu'ils font confiance à des gens qui peuvent avoir envie de se servir de ce mécontentement pour préparer une société du tout libéral, qui ne me paraît pas bonne non plus. Donc ça, je crois que c'est une explication.

La deuxième explication, c'est que le monde a changé, avec la mondialisation, avec l'européanisation. Et ce monde est un monde du nivellement par le bas, et notre modèle social républicain est totalement contradictoire avec l'environnement du monde. La grande difficulté qu'à la France, c'est à la fois de garder son modèle républicain et social, et en même temps de ne pas être complètement broyée par cette clochardisation générale. Et c'est là où l'aspect européen est essentiel. C'est là où on doit se servir de l'Europe comme d'un bouclier, plutôt que de s'en servir comme d'un cheval de Troie de la mondialisation. Donc, je reviens au débat sur le traité de Lisbonne et toutes les conséquences néfastes de cette Europe supranationale.

Et puis il y a une troisième explication je crois. C'est... Comment dire ?... la perte de repères historiques, le showbiz, le média-système, le zapping, c'est-à-dire ce déclin du raisonnement face à l'émotion. Et c'est le poids du superficiel qui dévaste tout. Cette culture de l'audimat, qui fait que, même si beaucoup de journalistes ont une pensée, ne sont pas des mauvais bougres, loin de là, ils sont dans un système sans fin d'audimat qui interdit de se poser un peu... On est donc dans une course médiatique d'images qui interdit aux hommes politiques un peu sérieux pour s'exprimer. Il faut être clair. Et cela réduit considérablement le champ démocratique.

Voilà. Alors si vous avez un système qui s'est un peu endormi, des conservatismes - c'est réel -, la pression de la mondialisation telle qu'elle est, le système des médias, eh bien vous avez une forte contrainte, et tout ça fait exploser... et puis la qualité des hommes, peut-être, aussi...

Pascale Fourier : Des Sous... et des Hommes, toujours en compagnie de Nicolas Dupont-Aignan, député non inscrit de l'Essonne, et président du mouvement Debout La République. Il nous restait moins de 10 minutes. Souverainisme, mondialisation, hop, on se jette à l'eau.

Je pense que je vais peut-être me faire vilipender par mes auditeurs parce que j'aurai invité un « souverainiste » : maintenant, c'est le mot pour vous caricaturer, vous, ou Chevènement par exemple.

Nicolas Dupont-Aignan : Oui bien sûr. Chevènement, à un moment, avait eu une belle expression à propos des Guignols de l'Info. C'était, je crois, au moment de la Corse, ou à l'époque de sa candidature présidentielle, il avait parlé de « meurtre symbolique ». On présentait Chevènement comme un ressuscité – lorsqu'il avait eu ce fameux accident - et comme le ringard de service, etc. C'est le meurtre symbolique.

Moi, on m'appelle « souverainiste » alors que je suis gaulliste et républicain. Pourquoi ? Parce qu'ils savent très bien que le mot souverainiste fait royaliste- donc un peu ringard - Et qu'il n'est pas compris par 99 % des Français. Ce n'est pas innocent. Quand on me veut du mal, on met « souverainiste ». Et les gens qui m'aiment bien mettent « gaulliste ». Ce n'est pas du tout innocent.

Et donc il y a la volonté de marginaliser, de caricaturer ceux qui pensent différemment. C'est clair. Les auditeurs qui m'entendent découvriront qui je suis. Je ne renie pas d'ailleurs que je suis un homme de droite par certains côtés. Pour autant, je pense être beaucoup plus à gauche que Dominique Strauss-Kahn ou Ségolène Royal sur d'autres points. Voilà. Ils me prennent tel que je suis.

Et si je développe «Debout La République» - cela viendra avec le temps -, on verra que je ne suis pas celui qu'on veut faire croire. D'ailleurs, De Gaulle était perçu comme maurassien, cela ne l'a pas empêché de sauver la France, j'ai encore de la marge devant moi, même si, rassurez-vous, je ne me prends pas pour De Gaulle.

Pascale Fourier : Est-ce qu'à terme, il y a des gens qui sont actuellement proches de Nicolas Sarkozy, qui pourraient tourner casaque, on pourrait presque dire, et revenir vers des pensées qui seraient plus celles... ?

Nicolas Dupont-Aignan  : Bien sûr. Bien sûr, il y en a plein. Il y a plein de parlementaire UMP qui ont suivi comme des moutons Nicolas Sarkozy parce qu'il allait gagner. Et puis ils en suivront d'autres plus tard. Mais tout ça n'est pas très intéressant. Le système actuel français est plein de moutons. Donc, ne nous occupons pas des moutons, du troupeau, occupons-nous des Français qui, eux, ne sont pas des moutons. Ce sont des êtres libres.

J'ai beaucoup plus confiance dans le peuple français que dans ses élites. Ce n'est pas pour faire de l'anti-élitisme primaire, c'est parce que c'est insupportable. C'est insupportable de voir les gens qui souffrent quand des élites s'en mettent plein les poches. Et finalement, elles sont déjà passées un pied dans la « mondialisation heureuse », comme je l'appelle. C'est vrai que je n'en fais pas partie, et je ne suis pas jaloux du tout, croyez-moi. Mais je comprends très bien que des gens qui ont des stock-options de 3 millions d'euros, 4 millions, 5 millions, qui passent leurs week-end dans toutes les capitales occidentales ou autres, qui viennent en France uniquement pour se faire soigner par le service public parce qu'il est efficace et moins cher, ou qui viennent sur les plages françaises pendant les vacances, trouvent cette société très agréable pour eux.

Simplement cette société, elle est exactement comme la Cour de Versailles en 1787, elle est extrêmement fragile parce que, de l'autre côté, il y a la misère et que vous ne pouvez pas avoir des basses pressions et des hautes pressions sans avoir un orage. C'est tout. Et qu'il y a un minimum de décence. Le monde tel qu'il évolue, avec d'un côté des gens de plus en plus miséreux, et de l'autre des gens de plus en plus riches, ne peut pas continuer comme ça. C'est tout.

Donc moi je crois qu'il y a une mathématique des fluides évidente, ça ne peut pas marcher comme ça. Parce que, d'abord, ça nuit à l'économie mondiale. L'économie mondiale, Keynes l'aurait dit le premier, a besoin de la demande. Si les ouvriers n'ont pas de boulot, comment ils vont consommer ? Le système arrive à sa perte. Donc il faut bien à un moment donné que l'on invente une mondialisation différente. C'est tellement devant nous!

D'ailleurs qaund il s'agit des pingouins de l'Antarctique, tout le monde se mobilise, mais quand il s'agit des hommes et femmes qui travaillent 18 heures par semaine en Inde, ou 20 heures, et des enfants de 10 ans travaillent, personne ne s'en occupe. Mais alors là, dès qu'il s'agit d'environnement, tout monde s'en occupe. C'est la même problématique d'ailleurs, mais ce qui est incroyable c'est qu'on défend davantage les pingouins que les hommes et les femmes. Je ne dis pas qu'il ne faut pas défendre l'environnement, bien évidemment. Mais je dis que c'est la même problématique.

Est-ce qu'on peut continuer une mondialisation fondée sur le nivellement permanent vers le bas ? Parce que ça n'a rien à voir avec le libre-échange. Je renvoie aux théories de Maurice Allais, seul prix Nobel d'économie français, qui est interdit de parole en France, interdit de parole. Maurice Allais. Pourquoi ? Parce qu'il dit que le libre-échange, ce n'est pas le libre-échange déloyal, que les pays peuvent commercer entre eux et que c'est positif pour la prospérité générale, quand il y a un niveau égal, ou quasiment égal, de prospérité. Et que, sinon, on a inventé les droits de douane qui permettent de mettre en place des transitions.

Or, là, nous avons un libre-échange déloyal avec deux mastodontes, qui sont l'Inde et la Chine. Chacun d'un milliard d'habitants et plus. Ça veut dire qu'on a un libre-échange déloyal, avec des différences de niveaux de 1 à 100 - 1 à 100 !- et qui, de surcroît, s'aggravent. Je recommande à nos auditeurs la lecture d'un livre de Philippe Cohen, sur la Chine - je ne sais plus quel est le titre - qui est récemment paru, et qui explique très bien - et moi j'ai été en Chine cet été pour voir - qui explique très bien comment la Chine est en recul social, contrairement à tout ce qu'on veut nous dire. Comment les écoles sont fermées, comment la santé recule. Il y 200 millions de Chinois qui s'en sortent, et qui s'en sortiront, mais il y en a un milliard qui sont en train de crever, avec une destruction de l'environnement colossale. Mais ça, personne ne veut le dire. Moi j'y suis allé pour voir. Il faut y aller pour comprendre. Mais comme ils revenaient de Chine ou d'URSS, sous Lénine et sous Mao, en disant que la Chine c'est merveilleux, et l'URSS c'est magnifique, eh bien nous avons aujourd'hui toutes les personnes qui reviennent de Chine en disant que c'est le paradis pour demain. Eh bien non ! on va à la catastrophe, là aussi.

Donc vous voyez qu'il faudra bien réagir et reconstruire un monde solide. Et moi je suis confiant dans l'humanité. Il y aura aussi des bouleversements qui permettront de recréer ce monde.

Pascale Fourier : Cette utilisation que vous faites du mot "mondialisation" parfois m'étonne...

Nicolas Dupont-Aignan  : Il y a des côtés positifs aussi à la mondialisation, c'est ça que vous voulez dire ?

Pascale Fourier : Non. Moi j'aurais plutôt tendance à penser l'inverse...

Nicolas Dupont-Aignan : La mondialisation, c'est un fait. Par exemple Internet, l'économie numérique, les transports faciles. Ça, c'est un fait. Et il y a des côtés positifs, il ne faut pas non plus voir seulement les côtés négatifs. Simplement, je dis qu'aujourd'hui la mondialisation vire vers la clochardisation. Alors qu'elle a aussi des côtés positifs. Moi je ne vois pas la mondialisation simplement comme un drame. Il y a les deux côtés. Simplement le côté noir l'emporte aujourd'hui sur le côté blanc, de plus en plus, parce qu'il y a un enchaînement cumulatif du marché, absolument fou.

Pascale Fourier  : Mais on vous dirait probablement que, en même temps, c'est bien, la mondialisation, et que c'est surtout bien que ça finisse par niveler les nations...

Nicolas Dupont-Aignan  : Ah oui ! Il y a ça. Oui, mais je ne vois pas un monde où tout le monde serait pareil, habillé pareil, mangeant pareil. Pour moi, ce ne serait pas le monde. Parce que la diversité du monde, c'est sa richesse. Je n'ai jamais entendu les gens se réjouir que le monde soit identique.
Mais vous voyagez aujourd'hui, vous allez dans n'importe quel centre commercial, ce sont les mêmes boutiques, c'est la même aliénation générale, il faut être clair. Mais en même temps, c'est aussi un échange culturel, qui est aussi extraordinaire. Donc s'il y a une uniformisation générale, il faut veiller à ce qu'il y ait une diversité. D'où l'importance des langues, de la langue française. Je suis un des rares à essayer de défendre notre langue. Le Parlement a voté une loi scandaleuse du protocole de Londres, qui va encore une fois niveler les brevets, en anglais. Il y a une défense de la langue, de la diversité, le monde est une richesse incroyable et il faut le protéger, il faut le défendre.

Donc je dirais que l'enjeu de demain, c'est de garder l'identité de la nation et la démocratie nationale, de construire une Europe des peuples, des coopérations, et de sauver la planète, parce que c'est quand même ça, l'enjeu. Parce que sinon, si nous ne sauvons pas la planète, il n'y aura pas l'Europe, il n'y aura pas la France. Mais, s'il n'y a plus la France, je pense que la planète sera différente. C'est très prétentieux, peut-être, mais je pense que la France n'est pas un pays comme les autres. Pour moi, ce n'est pas un pays comme les autres. C'est mon côté un peu patriote.

Pascale Fourier  :Eh bien, il est 10....

Nicolas Dupont-Aignan  : Oui, il est 10. http://debout-la-republique.fr/, il y a tous nos textes et tous nos livres, je le dis parce qu'il faut faire sa pub.....

Pascale Fourier  :Eh oui, c'était Des Sous... et des Hommes, en compagnie de Nicolas Dupont-Aignan. Le livre de Philippe Cohen auquel il fait allusion lors de l'entretien s'intitule « La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? » et il est publié aux éditions 1001 nuits. Je ne peux que vous en conseiller la lecture, moi aussi.

Tout au long de l'entretien, j'ai été fort étonnée par les propos de Nicolas Dupont-Aignan. Peut-être vous souvenez-vous de la semaine dernière, juste à la fin de l'entretien, où il disait : « Je vous dis ce que j'ai sur le cœur. » Eh bien, c'est cette impression d'honnêteté - que certains qualifieraient de naïveté pour la stigmatiser - que j'ai eue tout au long de ce long entretien qu'il m'a accordé. Quand il parlait des difficultés des simples gens, c'était bien avec son cœur d'homme, ça se sentait, et pas par calcul politique comme d'aucuns. Quand bien même vous ne seriez pas de droite, je ne peux que vous conseiller la lecture de son livre "Le coup d'Etat simplifié", publié aux éditions du Rocher, qui est fort intéressant au-delà du caractère circonstanciel de certains propos tenus.

Voilà, la semaine prochaine nous retrouverons Liêm Hoang Ngoc, membre du parti socialiste et de la boîte à penser La Forge, pour la suite du long entretien qu'il m'avait accordé. A la semaine prochaine.


 

Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l'usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous...et des Hommes du 11 Mars 2008 sur AligreFM. Merci d'avance.