Une émission proposée
et présentée par Pascale Fourier sur ALIGRE
FM 93.1 en région parisienne
EMISSION DU 5 FEVRIER 2002
Qu'est-ce que le déficit budgétaire ?
Avec Michel Prat, professeur en finances publiques aux Universités Paris XI et Paris I |
Pascale Fourier
: Michel Prat, nous vous avions déjà reçu en novembre
pour que vous nous parliez des impôts. Faut-il réduire
les impôts, qu'est-ce que cela suppose ? Voilà les questions
auxquelles vous aviez répondu. Alors il faut croire que je prends
goût à vos explications parce que vous voilà à
nouveau parmi nous, mais cette fois pour nous parler du déficit
budgétaire. A en croire ce qui est dit par les politiques et
qui est repris par les médias, il faudrait absolument réduire
le déficit budgétaire, voire le réduire à
néant. D'abord qu'est-ce que c'est le déficit budgétaire
?
Michel Prat
: Exact. C'est vrai que la question souvent posée c'est : il
faut aller vers la suppression, fini le déficit budgétaire.
Ca veut donc déjà dire qu'il y en a un, et la définition,
eh bien elle est relativement simple dans un premier temps, puisqu'on
regarde le budget de l'État qui est voté chaque année
et si on dépense plus qu'on a de recettes, eh bien on indique
un déficit. Pascale Fourier : Les recettes, c'est globalement les impôts... enfin si on veut faire rapide? ... Michel Prat
: Si on veut faire rapide, oui. Les différentes sortes d'impôt,
TVA ou d'autres choses. Mais c'est vrai que ce problème de déficit
est une vraie question. Pascale Fourier : C'est-à-dire ? Parce que là on veut le réduire ou même l'annihiler totalement... Parce que je ne comprends pas toujours quel est le problème que suppose un déficit... Michel Prat : Alors oui évidemment, le déficit, quand on parle du déficit budgétaire, que l'on a indiqué en titre, ça veut dire le budget de l'État. C'est déjà important de bien séparer le budget de l'État des autres types de budget. Pascale Fourier : C'est-à-dire ? Michel Prat
: Parce que vous avez les budgets des collectivités publiques,
c'est à dire la communes, le département, la région.
Vous avez les budgets des autres organismes, le budget des particuliers
tout simplement. Alors en règle générale, tous
ces autres budgets doivent être en équilibre, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas de déficit. On n'admet pas de déficit
dans ces différents budgets. Encore qu' il va falloir s'entendre
justement sur c'est quoi le déficit ? Pascale Fourier : Et bien oui, justement... venons-en à cela. Michel Prat
: Alors, le déficit, puisque là nous allons partir pour
l'État... Alors évidemment, chaque année, on a
des dépenses de fonctionnement, c'est à dire pour le budget
de l'État, payer les fonctionnaires, le chauffage, l'électricité,
enfin l'ensemble des biens de consommation. Et puis vous avez des dépenses
d'investissement : construction des hôpitaux, des écoles,
etc. Et pour arriver à financer tout cela, eh bien toutes les
recettes, on a parlé des impôts qui sont des premiers points
effectivement au niveau des recettes, mais souvent, il en manque quelque
peu, surtout pour réaliser des gros investissements. Alors le
complément, eh bien c'est ça cette partie de déficit.
Alors il va falloir trouver une façon d'y arriver. L'idée
première, c'est de dire : 'On va dépenser moins.'
Pascale Fourier : Autrement je me dirais : 'c'est comme quand j'achète un appartement, je vais emprunter.' Michel Prat
: Eh bien voilà. Pour le budget et le déficit budgétaire,
je crois que le mieux, c'est de revenir à des notions relativement,
je dirais, approchées, mais nous vivons tous les jours
chacun d'entre nous avec notre budget particulier. C'est vrai que ce
n'est pas la même chose de dépenser plus en dépenses
courantes, que si on réalise un investissement, c'est-à-dire
qu'on va réfléchir sur plusieurs années. Parce
que là, il faut introduire l'idée : une année ou
plusieurs années. Pascale Fourier : Justement, quand on parle de déficit budgétaire, on considère qu'on n'a pas assez d'argent pour rembourser la dette au fur et à mesure comme on le fait nous quand on a un crédit... ou c'est plus compliqué que cela ? Michel Prat
: Alors de toutes façons, ce sont des notions économiques
relativement complexes. Aujourd'hui, nous allons échanger sur
une première approche effectivement de cette discussion du déficit
budgétaire. Disons qu' aujourd'hui, la règle, c'est l'annualité.
Chaque année, on vote le budget. Et on regarde en tant que tel,
au niveau de l'année, quels sont les besoins complémentaires,
et donc les emprunts que nous allons faire. Tout le monde comprendra
qu'on va avoir une dette si on emprunte. L'année d'après,
qu'est-ce qu'il va falloir faire ? Eh bien, il va falloir au moins rembourser
la dette. Ce qui fait que nous allons avoir les dépenses de fonctionnement
dont on parlait toute à l'heure, elles existent toujours. Si
on veut continuer à investir, il faudra tenir compte de ça.
Mais du coup, la deuxième année, il va bien falloir
tenir compte d'une troisième composante, le remboursement de
la dette, c'est-à-dire des emprunts précédents.
Alors évidemment, ça va nous pénaliser. Pascale Fourier : Mais justement, ça fait un effet boule de neige en permanence. Michel Prat
: Alors ça peut faire un effet boule de neige si on est obligé
de réemprunter, soit pour réaliser des opérations,
ou comme certains le signifient, si on commence à réemprunter
pour rembourser la dette précédente. Evidemment on peut
courir à la catastrophe. D'ailleurs, c'est ce qui se passe dans
un certain nombre de pays du monde. Quand nous voyons l'Argentine ces
derniers temps, ou la crise asiatique de 98, on verra peut-être
toute à l'heure que ça a entraîné des bouleversements
au niveau des organisations internationales. Mais on n'est pas obligé
non plus d'avoir un effet boule de neige. On peut relativement maîtriser
son déficit si on est attentif à ce que la part remboursement
des emprunts précédents ne l'emporte pas trop et n'augmente
pas énormément par rapport aux capacités. Parce
qu'il y a une troisième notion qu'il faut indiquer maintenant,
c'est la capacité d'un pays, puisque là on parle de déficit
budgétaire, à assurer l'ensemble de ses dépenses.
Pascale Fourier
: Et est-ce qu'il y a une réelle difficulté finalement
à répondre à cela ? Michel Prat
: Alors pour la France, non. La France a une crédibilité
au niveau international qui lui permet de satisfaire aux critères.
Quels sont les critères qui doivent être satisfaits? C'est
comme pour un particulier. On va voir notre banquier pour emprunter
pour acheter un logement : qu'est-ce qu'il va faire le banquier ? Il
va regarder si nous sommes en capacité dans les années
qui viennent de rembourser. Alors on peut toujours fixer des normes.
Mais grosso modo, si vous avez pratiquement l'engagement que celui qui
vous emprunte va vous rembourser, il n'y a pas de raisons de ne pas
lui faire crédit. Et c'est donc là une notion de confiance
qui intervient au plan international parce que les pays sont bien
obligés d'emprunter sur le marché. Pascale Fourier : Alors sur le marché justement, comment on fait pour emprunter de façon concrète? Michel Prat
: Sur le marché financier tout simplement! C'est-à-dire
qu'au plan international, chaque pays gère sa dette. C'est la
direction du Trésor en France, qui fait partie du Ministère
des Finances, qui est en charge de cette gestion de la dette. Auparavant,
il y a quelques années, cette gestion était relativement
statique. C'est-à-dire que l'État avec la Banque de France,
négociait un peu en interne. Maintenant, avec la libéralisation,
chaque pays se présente au plan international et en fonction
de la crédibilité de remboursement, eh bien il empruntera,
il gèrera sa dette de manière plus ou moins active, c'est-à-dire
essaiera de rembourser au plus vite, essaiera d'obtenir des taux un
peu moins élevés. Pascale Fourier : Je ne comprends toujours pas très bien quel est le problème avec le déficit budgétaire. Quel est le problème ? ? Michel Prat
: Alors évidemment, peut-être que l'on a minimisé
dans une première approche la difficulté ou le problème.
Il en existe un, ou même plusieurs. Le premier problème,
on a parlé du remboursement. Si effectivement le déficit
est important, l'emprunt va donc être important, les remboursements
risquent d'être très élevés. Et qui dit,
chaque année, consacrer une part importante du budget à
rembourser, pendant qu'on rembourse les dettes précédentes,
on ne peut pas avoir d'action, que ce soit en fonctionnement ou en investissement.
Alors ça c'est une vraie difficulté. Tout dépend
de l'ampleur de ce remboursement. Donc on verra que c'est une notion
relative. Pascale Fourier : Surtout si, en plus de ça, il y a des sortes de déficits cumulés si chaque année on vote des budgets en déficit... Michel Prat
: Eh bien oui. Sans aller jusqu'à l'effet boule de neige qui
pourrait très bien arriver, effectivement chaque année,
ça risque de s'accumuler, et ça risque de pénaliser
de plus en plus au niveau du vote du budget de chaque année.
Là, c'est une vraie difficulté. Et deuxième problème
que l'on peut identifier maintenant que l'on a des demandes sur le plan
du marché, c'est ce que l'on disait il y a quelques instants,
c'est-à-dire qu'un pays endetté doit négocier au
plan du marché un certain nombre d'emprunts: il va donc
peser sur ce marché. Et pendant qu'un Etat pour rembourser va
vouloir emprunter et donc rechercher de l'argent, dans la sphère
financière comme on l'indique, c'est peut-être autant de
moins auquel les entreprises pourraient avoir accès pour financer
elles-mêmes leurs actions. Et donc très souvent, les spécialistes
nous indiquent qu'il faut être attentif à ce que les Etats
ne pénalisent pas l'entreprise et donc les structures privées
sur le marché monétaire. Tout le monde peut le comprendre:
c'est toujours une question de dimensionnement. Si la demande n'est
pas trop élevée, on reste dans un marché suffisamment
souple. Mais effectivement, si tous les Etats en déficit commencent
à emprunter tout l'argent qui existe sur le marché, la
dynamique va s'estomper, et l'on risque d'aller vers une crise économique.
Pascale Fourier : Est-ce que c'est la seule difficulté que voient les tenants d'une annihilation du déficit budgétaire ? Michel Prat
: Non, ce ne sont pas les seules, parce qu'il y a tout le problème
des taux d'intérêt du marché monétaire. Prenons
quelques exemples. Dans les années 70-80, il y avait déjà
des déficits budgétaires au niveau du pays, d'un grand
nombre de pays, y compris les États-Unis, et très souvent
l'inflation était forte, tout le monde peut comprendre. Et je
renvoie un peu à ce qui s'est passé à cette époque-là,
à savoir qu'on empruntait beaucoup, mais on remboursait finalement
relativement peu, le taux de l'argent moins un fort taux d'inflation.
Mais les taux d'intérêt augmentaient, et l'on était
là aussi dans une spirale qui n'était pas favorable. Et
la technique qui a été utilisée par la plupart
des pays quand ils se sont mis d'accord, c'est d'avoir une politique
monétaire forte ( le franc fort, on peut s'en souvenir), et de
dire : "maintenons les taux d'intérêt à un niveau
raisonnable. Pour cela ayons une politique monétaire beaucoup
plus stable et maîtrisée". On en arrive d'ailleurs aux
contraintes internationales, l'euro, c'est-à-dire qu'on a commencé
par cet aspect monétaire. Tout le monde s'est dit: "Si on arrive
à maîtriser cet aspect monétaire, ensuite il faudra
être attentif au problème du déficit pour qu'il
reste dans des normes raisonnables et peut-être aller vers zéro".
Pascale Fourier : Donc il y a une logique, quelque chose de bien cohérent au niveau de la pensée des libéraux ? Michel Prat
: Tout à fait! Elle est cohérente à ce niveau-là.
Mais leur approche a été la suivante : on va essayer
sans doute d'améliorer la situation de chacun des pays, mais
uniquement par cet aspect monétaire dans un premier temps. Et
de ce fait, il a fallu donner un certain nombre d'indications, de normes.
On peut citer par exemple pour les pays européens, Maastricht,
Amsterdam. Il a été dit : "Bon, bien voilà... une
fois que nous aurons un certaine maîtrise monétaire, nous
allons donner comme orientation : déficit public : pas plus de
3% du Produit Intérieur Brut, et remboursement de la dette, pas
plus de 60% du Produit Intérieur Brut". Alors évidemment,
qu'est-ce que ça veut dire "déficit public" ? Vous voyez
je n'ai pas utilisé le terme "déficit budgétaire"
déjà. "Déficit public": on a voulu donner comme
idée l'ensemble de la sphère publique d'un pays, parce
que c'est assez difficile d'identifier uniquement l'aspect budgétaire
d'un Etat. Donc pas plus de 3% du Produit Intérieur Brut : pourquoi
3 ? C'est assez difficile à répondre. C'était à
l'époque, au moment de la signature des traités, ce que
l'ensemble des pays semblait pouvoir tenir raisonnablement. Vous voyez
que je suis toujours dans les notions relatives, je ne vous donne pas
de critères précis. Maintenant on est en train de parler
d'un autre objectif : c'est retourner vers l'équilibre de ces
déficits publics, qu'ils tendent vers zéro.. Pascale Fourier : Pas de déficit du tout... Déficit zéro? Michel Prat
: Voilà! Pas de déficit du tout. Ces derniers temps d'ailleurs,
on pensait y arriver relativement aisément pour les pays européens.
La croissance était là, il y avait une certaine reprise
économique. Mais depuis un an évidemment, on s'est rendu
compte qu'il n'était pas si simple d'aller vers cet objectif.
Même de grands pays comme l'Allemagne sont en difficulté.
Alors évidemment un certain nombre d'observateurs vont signaler
le problème de l'impôt que l'on avait évoqué
l'autre fois. Certains pays, plutôt que d'aller rapidement vers
l'équilibre budgétaire, ont préféré
jouer sur une diminution de l'impôt. Alors on dit : " Et bien
en période de croissance, vous n'avez pas été très
sérieux. Peut-être qu'il n'aurait pas fallu baisser les
impôts, mais maintenir vos recettes élevées pour
pouvoir aller vers cet équilibre". Pascale Fourier : Ce n'était pas une façon de relancer la croissance? Je suis terriblement keynésienne parfois... Ce n'était pas une façon de relancer la croissance, de manière discrète disons ? Michel Prat
: Oui, on peut le voir ainsi. Mais il va falloir parler dans un deuxième
temps de pensées qui ne sont pas uniquement celles des libéraux.
Parce que là on a parlé d'objectifs de Maastricht et Amsterdam,
mais qui ne parlent toujours qu'en termes de déficit, une fois
le problème de la monnaie réglé. Ca veut dire que
l'ensemble des pays qui s'oriente en ce sens a des développement
relativement similaires. Si jamais l'un des pays est en plus grande
difficultés que les autres, il aura peut-être à
joueur sur d'autres paramètres que le déficit. Alors là,
il faut dire un élément : c'est que c'est pratiquement
la variable d'ajustement qui reste maintenant pour chacun des pays.
C'est-à-dire qu'on ne peut plus jouer sur les taux monétaires,
maintenant que l'on a l'euro, vis-à-vis de ces pays qui sont
engagés, eh bien effectivement, c'est une petite variable d'ajustement.
Et certains des pays aimeraient bien pouvoir encore jouer sur cette
marge. Alors chaque année, il y a un pacte de croissance et stabilité
vers lequel ces pays se sont engagés, qu'il est nécessaire
de respecter, mais on s'aperçoit qu'on commence à avoir
quelques signes de demande de dérogation. Pascale Fourier : Décidément, je ne comprends pas bien la logique de tout cela. L'État finance avec le budget de l'État des dépenses nécessaires à l'ensemble de la société : l'école, la justice, les infrastructures routière par exemple, et d'ailleurs on en avait parlé dans l'émission qu'on avait faite avec vous, émission diffusée le 2O novembre dernier. Ces dépenses-là, donc elles sont nécessaires à l'ensemble de la société et en même temps elles font marcher l'économie. Alors pourquoi on veut lutter en permanence comme cela contre le déficit budgétaire ? Michel Prat
: Alors là évidemment ,on rentre dans le véritable
débat : qu'est-ce que l'on doit obtenir comme résultat,
quel objectif on recherche ? Effectivement, pour uniquement l'aspect
déficit budgétaire, dans la mesure où les dépenses
qui sont faites au niveau de l'État sont considérées
comme des dépenses sérieuses, indispensables, bien évidemment
elles concourent à relancer la machine économique, que
ce soient les investissements, que ce soient les rémunérations
ou l'activité, tout simplement, économique. Surtout dans
un pays comme le nôtre où les dépenses de l'État
sont importantes. Mais là on retrouve une analyse, toute à
l'heure vous aviez cité Keynes, effectivement c'est un économiste
qui a mentionné qu'en période de crise, on peut se permettre
d'avoir un certain déficit si celui-ci sert à relancer
la machine économique. Un exemple simple : on va faire des investissements
un peu plus importants, ça va créer des emplois et ces
emplois vont créer des richesses, et avec ces richesses, on pourra
rembourser l'année suivante les emprunts, le déficit qu'on
s'est un petit peu autorisé. C'est-à-dire que là
on a une vision sur plusieurs années, un peu comme tout à
l'heure sur la crédibilité des pays. Alors cet aspect
économique en quelque sorte du raisonnement, permet d'envisager
un certain déficit. Alors là aussi, il faut rester raisonnable.
Ca veut pas dire qu'il faut avoir un déficit tellement important
qu'on arrivera pas à le satisfaire, mais une marge de manœuvre
plus grande que la démarche classique qui est prônée
par un certain nombre d'experts. Pascale Fourier : Est-ce que finalement tout cela ne revient pas à ce que l'on entend très souvent dans les médias, c'est assez rigolo comme terme, ils disent souvent "il faudrait réduire l'État". Est-ce que ce n'est pas cela que l'on trouve de façon sous-jacente sous ce vrai problème, ou prétendu problème, de déficit budgétaire? Michel Prat
: Très souvent. On l'avait vu la fois précédente
quand on a parlé impôts, quand on dit on va diminuer
les impôts, ça veut dire effectivement '"n contrepartie
on va faire moins de dépenses". Or ce sont des dépenses
qui, souvent, sont indispensables. On le voit bien au niveau des demandes
que l'on peut avoir, tant au niveau sanitaire et social qu'au niveau
enseignement. Mais il y a un autre aspect que l'on pourrait quand même
évoquer pour terminer, c'est l'aspect : "Qu'est-ce qu'on recherche
après tout ?". Est-ce qu'on recherche absolument un équilibre
budgétaire, en tant que tel, ou est-ce qu'il n'y a pas à
rechercher un équilibre économique et social large. Parce
que, en admettant qu'on arrive à zéro de déficit,
mais si on a un fort taux de chômage, donc un déséquilibre
social et économique, ça vaut peut-être le coût
de se poser la question : "ne faudrait-il pas inverser les paramètres,
et rechercher un équilibre social et économique, c'est-à-dire
un développement plus harmonieux, plus d'emplois, quitte à
ce que momentanément on s'autorise un petit déficit budgétaire,
pour relancer ces investissements?". C'est-à-dire raisonner sur
plusieurs années et pas seulement à court terme, par annualité,
année après année, et surtout avec comme seul critère
le taux monétaire, le taux des emprunts et la rentabilité
des marchés financiers. Ca veut dire élargir le problème
et non pas seulement poser la question du déficit budgétaire.
Pascale Fourier : Ca veut dire aussi, à la limiteque, s'il y avait moins de chômage, il y aurait moins de problèmes de déficit budgétaire, non ? Michel Prat
: Oui! S'il y a moins de chômage, il y aurait plus de gens qui
créent des richesses, et qui dit création de richesses,
dit des rentrées financières plus importantes pour l'État.
Alors un certain nombre de pays s'en préoccupent bien évidemment.
Mais il faut voir que les contraintes internationales que nous avons
indiquées tout à l'heure plus les contraintes des marchés,
sont à prendre en compte parce que c'est quand même un
critère incontournable. Ce qui fait une marge de manœuvre au
niveau des pays, délicate, faible, mais elle existe encore. C'est
je crois une analyse que tout le monde peut rejoindre. Mais il faudrait
également que les citoyens s'en saisissent. C'est pour ça
que souvent l'on dit que les finances publiques ça peut être
relativement compliqué. Mais il y a un terme que j'aime bien,
vous le savez, c'est les finances publiques citoyennes. C'est-à-dire
que tout le monde devrait participer à la réflexion pour
que ce soit plus des décisions, je dirais politiques, que des
décisions strictement économiques. et monétaires.
Et peut-être qu'on arrive dans ce cas-là à, je dirais,
une meilleure approche du problème et à un type de décisions
qui correspondront, peut-être, on peut l'espérer, à
ce que souhaite le plus grand nombre de nos citoyens. Pascale Fourier : Donc finalement des sous mais aussi des hommes, c'est un peu toujours ça le problème... Michel Prat : Eh bien oui, parce qu'il ne fallait pas oublier les hommes quand même. Quel est l'objectif que l'on veut obtenir ? Il n'y a pas que les sous... |
Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l'usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous...et des Hommes du 5 Février 2002 sur AligreFM. Merci d'avance. |