Pascale
Fourier
: Il y a des jours comme ça où on se lance des défis,
et on se dit qu'on peut-être dû ...J'avais lu des articles
dans "Le Monde" sur France Telecom, et en réalité,
je n'y comprenais pas grand-chose: il était question d'achats
de licences UMTS, d'endettement ensuite, d'actions en bourse qui brutalement
chutaient... Je n'y comprenais rien … Enfin, du coup j'ai cherché
à trouver quelqu'un qui pourrait me donner quelques renseignements
… et, je me suis tournée,pas d'une façon très
neutre je l'avoues, vers Pierre Khalfa qui est l'ancien secrétaire
fédéral du syndicat SUD. J'y suis allée avec mon
air naïf, je lui ai posé des questions vraiment naïves,
pour essayer de comprendre les choses, et je vous propose d'écouter
ce que ça donne …
Pascale
Fourier : Finalement
donc France Telecom c'est une entreprise qui au départ semblait
florissante, et en lisant les journaux comme je le fais d'habitude,
subitement je me suis aperçue, qu'il y avait un grave problème
d'endettement, que les cours de la bourse s'effondraient alors qu'on
avait fait visiblement appel à l'actionnariat populaire au moment
de sa relative privatisation … qu'est-ce qui s'est passé
entre les deux ?
Pierre Khalfa :
Eh bien, disons que l'aventure de France Telecom représente l'échec
d'une stratégie qui est la stratégie de la transformation
d'une entreprise de service public en multinationale. C'est-à-dire
que la direction de France Telecom a eu une politique d'expansion internationale,
et notamment européenne, tous azimuts, qu'ils ont fait au moment
de la bulle spéculative dans les valeurs Internet, et les valeurs
technologiques en général, avec l'idée que l'action
allait continuer à monter de façon indéfinie- et
de toutes façons ce n'était pas très important
d'acheter cher les entreprises puisque, de toutes façons, comme
le cours de l'action allait continuer à monter, eh bien ils arriveraient
à réduire ainsi leur endettement puisque de toutes façons
la valeur de l'entreprise qu'ils achèteraient serait de plus
en plus importante.
Evidemment, c'était une illusion … On sait ça au
moins depuis maintenant quelques siècles que toute bulle spéculative
à un moment donné finit par éclater. La première
grande bulle spéculative, c'était la bulle spéculative
sur les tulipes aux Pays-Bas, à Amsterdam, au XVIIième
siècle, et en fait, les mêmes mécanismes se répètent
assez régulièrement.Dès qu'il y a une bulle spéculative,
on peut dire que c'est strictement la même chose qui se passe,
c'est-à-dire que les opérateurs boursiers anticipent des
profits futurs, et donc investissent, achètent des actions, achètent
le produit en question et donc le cours monte. Les cours continuent
à monter tant qu'on anticipe toujours les profits futurs; il
y a un comportement moutonnier de la part des opérateurs boursiers
… Mais à un moment donné quelqu'un commence a avoir
un doute, parce que les profits futurs n'arrivent pas, et le doute se
répand petit à petit … et il y a un crack boursier
… et c'est ce qui s'est passé là !
Donc, toute bulle spéculative finit par éclater, et c'est
ce qui est arrivé dans le cas que nous connaissons aujourd'hui,
pour le grand malheur de France Telecom qui a acheté au plus
haut de la bulle spéculative. Ils ont acheté des entreprises
extrêmement cher, notamment Orange a été payée
extrêmement cher, et maintenant ils doivent déprécier
les actifs, c'est-à-dire réévaluer le prix de leurs
achats au prix réel de la Bourse au cours actuel! Donc comme
les actions ont baissé de façon considérable, eh
bien ils se retrouvent endettés aussi de façon considérable
…
Pascale
Fourier : Est-ce
que cette catastrophe, on pourrait dire, est liée aussi à
la vente des licences UMTS ?
Pierre Khalfa :
Disons que … en partie oui … Bon, il y a eu un comportement
prédateur des Etats sur les licences UMTS, c'est-à-dire
que les Etats , avec l'appui d'ailleurs de la Commission Européenne,
(enfin bon, là-dessus tout le monde fonctionne un peu de la même
façon … ) se sont laissés griser par la bulle spéculative,
par l'idée qu'il y avait un marché qui allait s'ouvrir,
qui était un nouvel Eldorado, et donc des profits qui allaient
être monstrueux: donc ils ont fait payer extrêmement cher
les licences UMTS, notamment en Angleterre et en Allemagne, et en France
aussi au début.Et donc dans un secteur qui était déjà
en difficulté, ça a aggravé la crise du secteur
des télécommunications, et de façon très
importante, ça ne l'a pas créé, mais ça
a été un élément d'aggravation très
fort.
En France, après de multiples avatars que je vous épargne,
le gouvernement est revenu à des positions plus raisonnables
au point de vue financier, mais tout en gardant le même état
d'esprit général. C'est-à-dire que, l'affaire des
licences UMTS illustre l'abandon du rôle de l'Etat comme régulateur
du secteur des télécommunications et comme garant de l'intérêt
général et du service public puisque : première
étape à titre de prédateur financier, on fait payer
très cher aux opérateurs, en anticipant sur les profits
futurs et sur des marchés inexistants pour le moment, les licences,
on voit que tout ça a des conséquences catastrophiques
pour les opérateurs, donc ensuite on leur fait quasiment cadeau
des licences, mais on ne leur demande même pas en contrepartie
d'assurer un minimum de missions de service public sur la téléphonie
mobile de troisième génération (ce qui veut dire
que, en matière par exemple de couverture du territoire, comme
c'était déjà le cas, mais ça sera pire pour
la troisième génération (c'était déjà
le cas avec le GSM actuellement) il y aura une partie du territoire
national qui ne sera jamais couvert, et les opérateurs ont déjà
annoncé que de toutes façons dans le cas des licences
UMTS, seules les zones les plus rentables seront couvertes). Et donc,
on peut dire qu'il y aura une grande partie du territoire national qui
ne sera jamais couverte par les licences UMTS, puisque ça ne
sera pas rentable pour les opérateurs.
Donc là, on se trouve dans une situation dans laquelle, l'Etat
français, le gouvernement a fait cadeau d'un bien public rare,
les fréquences, à des opérateurs privés,
et il n'a même pas demandé en échange que ceux-ci
assurent un minimum de missions de service public. Donc, on a une capitulation
en rase campagne du rôle régulateur de l'Etat en la matière.
Pascale
Fourier: Comment
ça se fait que l'Etat a pu croire … car moi par exemple
je ne crois absolument pas à une évolution positive de
l'UMTS … comment un Etat peut-il partir dans cette direction-là
?
Pierre Khalfa :
D'abord personne ne peut dire s'il va y avoir une évolution positive
ou pas. C'est très difficile. Personne ne pouvait croire, par
exemple, il y a encore 10 ans qu'il y aurait 37 millions d'abonnés
en France au téléphone mobile GSM.
Donc, il y a une incertitude forte sur ce qui va arriver, ça
c'est sûr. Est-ce qu'il y a un marché pour l'UMTS ou pas,il
y a beaucoup de points d'interrogation … Il y a des arguments
positifs parce que ça va amener des nouveaux services de façon
indéniable, ensuite est-ce que ces nouveaux services seront assez
attractifs, assez utiles, et à des coûts assez faibles,
à des tarifs assez faibles pour que les utilisateurs les achètent,
c'est une autre question. Donc, il y a des zones d'incertitude.
Ensuite, je pense que ce qui s'est passé du point de vue de l'Etat,
c'est qu'il s'est laissé prendre, disons … à l'ambiance
du moment. Il s'est grisé lui aussi, par une sorte de vertige
sur la montée indéfinie du cours de la bourse, l'illusion
que ça allait durer de façon permanente, et qu'on était
rentré dans un nouveau cycle, qui était le cycle de la
nouvelle économie où la Bourse montait sans cesse , et
qu'on avait trouvé la façon de transformer le plomb en
or … donc c'est une vision d'alchimiste, je dirais … et
une conception un peu animiste des choses.
Pascale
Fourier
: Des sous et des hommes … . J'étais toujours avec Pierre
Khalfa, et je lui posais toujours des questions sur France Telecom,
non pas par intérêt forcené pour France Telecom,
mais je pensais qu'on pouvait voir par l'intermédiaire de cela
une évolution du capitalisme, une évolution du Service
Public à l'intérieur du capitalisme qui est en train de
se mettre en place. Et plusieurs fois, Pierre Khalfa avait parlé
de montée indéfinie de la Bourse, et alors je lui ai dit
que je ne comprenais pas du tout comment on peut croire à une
montée indéfinie de la Bourse. Enfin, plus précisément
comment, les personnes qui nous gouvernent ou les économistes
qui ne sont pas des sots peuvent croire à une montée indéfinie
de la Bourse ?
Voilà la réponse qu'il m'a faite :
Pierre Khalfa :
Eh bien le problème ce n'est pas que les gens soient stupides
ou pas … c'est un phénomène qui s'est répété
régulièrement dans l'histoire du capitalisme. C'est-à-dire
que l'histoire du capitalisme, c'est l'histoire régulière
de cracks boursiers dans lesquels des gens très intelligents
ont cru que ça allait monter sans cesse … Et en fait même
s'ils croyaient, s'ils avaient l'idée qu'à un moment donné
ça allait chuter, ils pensaient qu' ils seraient assez intelligents
pour sortir du jeu avant que ça chute. Par exemple,au XIX°
siècle, Rothschild , qui lui avait fait sa fortune en vendant
une demi-heure avant tout le monde, disait en subtance: "Je suis
plus malin que tout le monde, et donc je suis capable d'anticiper les
retournements du marché, et de vendre juste avant, pour prendre
les bénéfices, et basta". Alors, c'est vrai que,
en bout de course, il y a toujours une ou deux personnes, peut-être,
qui ont réussi ça. Mais globalement, pour l'ensemble du
système, tout ça est une catastrophe totale.
Pascale
Fourier : Quelle
était la nécessité finalement de privatiser France
Telecom ? Avant c'était détenu entièrement par
l'Etat,... dans ma jeunesse …
Pierre Khalfa :
Oui, c'était d'abord une administration d'Etat, ensuite, c'est
devenu un établissement public, qui était évidemment
une société de droit public détenue à 100%
par l'Etat, et c'est devenu ensuite une Société Anonyme
dont on a ouvert le capital … Je pense qu'il n'y avait aucune
nécessité objective d'aucune sorte, ni économique
… il y avait un certain nombre d'arguments qui avaient été
présentés à l'époque , le grand argument
d'ailleurs qu'on retrouve aujourd'hui pour EDF, c'est le même
argument qui est présenté tout le temps: c'est pour passer
des alliances avec d'autres sociétés, avec d'autres opérateurs.
Il faut ouvrir le capital de France Telecom, ouvrir le capital d'EDF,
pour permettre qu'il y ait une participation croisée de capital,
et ainsi, on stabilise des alliances, on pérennise des alliances
…
Pascale
Fourier : Et
quel est l'intérêt des alliances ?
Pierre Khalfa :
Eh bien, disons que dans un monde concurrentiel, avec des marchés
qui sont censés, je dis "censés" car l'affaire
est beaucoup plus compliquée, exister à l'échelle
internationale, passer des alliances internationales peut s'avérer
utile. Le problème, c'est que aussi bien dans le cas d'ailleurs
d' EDF, de l'électricité, que dans le cas des télécommunications,
le marché est en pratique très peu internationalisé.
Enfin, on pourra revenir là-dessus si vous le désirez
… Mais l'argument était celui-là : c'était
l'argument de l'alliance, et pour passer une alliance, il fallait ouvrir
le capital.
En fait, si on prend le cas de France Telecom, qu'est ce qui s'est passé?
L'ouverture de capital date de 97; en fait, il y avait une alliance
déjà existante bien avant l'ouverture du capital, qui
avait été passée avec Deutsch Telecom. Cette alliance
était extrêmement bancale; elle ne reposait sur aucune
convergence stratégique, aucune synergie d'intégrée...Evidemment
on a ouvert le capital, il y a eu un échange de participations
croisées de 2% du capital entre France Telecom et Deutsch Telecom;
six mois après l'alliance, qui était chaotique, la Bourse
s'est écroulée, et le capital est resté ouvert.
Et le fait d'avoir échangé du capital entre France Telecom
et Deutsch Telecom n'a pas du tout pérennisé les alliances,
n'a pas du tout pérennisé l'alliance en question. Et donc,
l'argument de l'alliance est un argument de circonstances, comme ça
l'est d'ailleurs pour EDF, c'est un argument de circonstances, pour
justifier une privatisation qui était de nature essentiellement
idéologique. Parce que si on veut passer des alliances, la condition
fondamentale pour passer des alliances, c'est qu'il y ait des convergences
de stratégie, c'est qu'il y ait des stratégies sinon communes,
mais en tous cas similaires, qui ne soient pas contradictoires avec
des intérêts, qui sont des intérêts qui convergent,
qui sont communs … et ça dans un monde concurrentiel, c'est
en général assez dur … Ce n'était pas le
cas entre France Telecom et Deutsch Telecom, et c'est pour ça
que l'alliance a capoté. Et de toutes façons, si on veut
passer une alliance, il n'y a pas besoin d'ouvrir le capital des entreprises
… il suffit par exemple, sur des terrains communs de créer
des filiales communes, pour agir dans tel ou tel domaine, sur tel ou
tel sujet. Donc, il n'y a absolument pas besoin d'ouvrir le capital
pour passer des alliances.
Pascale
Fourier : Vous
disiez qu'il y avait des raisons idéologiques finalement à
la privatisation ou la semi privatisation de France Telecom, c'est-à-dire
? Qu'est ce que ça veut dire "raisons idéologiques"
?
Pierre Khalfa :
Je pense qu' on était, qu'on est en grande partie encore dans
une sorte de climat idéologique libéral, dans lequel il
y a un certain nombre de dogmes, et un des dogmes c'était qu'il
fallait privatiser les entreprises publiques …
Pascale
Fourier : Dans
quel but ?!
Pierre Khalfa :
Parce que c'était mieux, parce que c'est plus moderne, parce
que ça fonctionne théoriquement mieux … etc etc
… comme tout dogme religieux, il n'a pas besoin d'être fondé,
hein!! … Quand vous croyez en Dieu, vous n'avez pas besoin de
fonder votre croyance en Dieu, quand vous croyez aux vertus du Marché,
vous n'avez pas besoin de fonder votre croyance aux vertus du marché...Quand
vous croyez aux privatisations, il n'y a pas besoin de fonder votre
croyance aux privatisations, ça relève de la même
façon de fonctionner d'un point de vue intellectuel. C'est un
acte de foi.
Pascale
Fourier : Est-ce
que finalement la situation catastrophique dans laquelle se trouve France
Telecom risque d'amener une privatisation réelle ? Actuellement,
j'ai cru lire que l'Etat avait encore 55 % à peu près
du capital: donc il est majoritaire et à la limite c'est lui
qui a le pouvoir... Est-ce qu'il est question que le capital soit largement
plus ouvert ?
Pierre Khalfa :
En effet, c'est ça le paradoxe, c'est que, alors que le bilan
qui devrait être tiré devrait être un bilan inverse,
c'est-à-dire c'est l'échec d'une privatisation, puisque
heureusement qu' aujourd'hui l'Etat est majoritaire encore à
France Telecom, sinon France Telecom aurait disparu! Avec le cours de
l'action aussi bas qu'il l'est actuellement, France Telecom aurait été
OPA-ble, aurait été dépecé …
Pascale
Fourier : "OPA-ble",
ça veut dire que quelqu'un aurait pu le manger ? l'acheter ?
Pierre Khalfa :
Voilà, tout à fait. Ca veut dire qu'au prix où
est l'action France Telecom, elle ne vaut rien aujourd'hui … ça
doit valoir 5 ou 6 Milliards d'Euros, ça me semble dérisoire
comme un opérateur comme France Telecom qui fait des profits
quand même très importants encore … C'est un opérateur
qui est en bonne santé opérationnelle je veux dire; on
n'est pas du tout dans la situation de la sidérurgie des années
70, avec un marché des télécoms, un marché
qui s'écroule …etc … des entreprises qui ne sont
pas capables de vendre leurs produits ! Ce n'est pas du tout ça!!
France Telecom marche très bien d'un point de vue opérationnel,
il gagne des parts de marché ou se maintient au minimum dans
les créneaux qu'il occupe, donc il dégage du "cash"
d'un point de vue opérationnel: c'est une entreprise qui est
plutôt en bonne santé, sauf qu'elle est plombée
financièrement par son endettement, et par la stratégie
aventureuse de sa direction.
Et donc aujourd'hui, en fait, si l'Etat n'était pas majoritaire,
il est clair que France Telecom aurait cessé n'exister et aurait
été rachetée soit par des fonds d'investissements,
soit par d'autres opérateurs, et il aurait été
vendu "par appartements" ensuite pour que ses acheteurs réalisent
le maximum de profits, ce qui est quelque chose d'assez classique dans
l'histoire du capitalisme, qui se fait assez régulièrement.
Donc, là, le fait que l'Etat soit majoritaire dans France Telecom,
ça a été une des garanties de la pérennisation
de l'entreprise. Et le paradoxe, aujourd'hui, c'est que le gouvernement,
au lieu de tirer le bilan de cette affaire-là, en disant : "
Bon, dans la situation difficile dans laquelle est France Telecom, et
par le fait qu'on est face à un marché chaotique dans
les télécommunications, il faut que l'Etat
reste majoritaire dans France Telecom", au contrairel considère
qu'il faut aujourd'hui privatiser, en tous cas il l'annonce plus ou
moins fortement, ce n'est pas encore décidé réellement,
mais enfin on sent que ça va vers ça, privatiser France
Telecom. Et là aussi, sans aucun argument économique.
Aucun argument rationnel. C'est , effectivement, la Doxa libérale
qui s'applique ici une fois de plus.
Pascale
Fourier : Est-ce
que ce n'était pas avec l'idée qu'en réussissant
à vendre les parts qui restent du capital, ça permettrait
de rembourser les dettes ?
Pierre Khalfa :
Absolument pas. Parce que la vente des parts qui restent, d'abord aujourd'hui
ça ne vaut plus rien. Donc, c'est loin de rembourser la dette
… les dettes, c'est 70 milliards d'Euros, France Telecom doit
valoir peut être 7, 8 ou 9 milliards d'Euros je ne sais plus,
… ou peut être plus je ne sais plus, je n'ai plus le cours
en tête, … mais de toutes façons on est très
très loin des 70 milliards hein … ça c'est sûr.
Donc, de toutes façons, ça ne servira pas à rembourser
la dette, et surtout, quand l'Etat vend ses parts, il garde l'argent
pour lui !
Il ne le donnera pas à la direction de France Telecom ! Ça
veut dire qu'en fait ça serait gratuit … que l'acheteur
ne paierait rien, c'est ça que ça veut dire, puisque l'actionnaire
qui rachèterait France Telecom, l'opérateur qui rachèterait
France Telecom deviendrait propriétaire de France Telecom, donc
si c'est pour désendetter France Telecom, vous voyez bien que
… ça veut dire qu'on donnerait France Telecom. Ca c'est
évidemment totalement impossible.
Donc, en fait, évidemment l'Etat, en vendant France Telecom,
garderait l'argent pour lui, ce qui est assez logique !
Pascale
Fourier : Du
coup, quel est l'intérêt pour l'entreprise, je ne vois
pas du tout ? … d'être revendu en …
Pierre Khalfa :
Il n'y a aucun intérêt pour l'entreprise, c'est ce que
nous pensons, c'est-à-dire que pour l'entreprise n'y a strictement
aucun intérêt … sauf que, peut être pour sa
haute direction, l'idée d'être enfin comme une entreprise
normale, dans laquelle ils pourraient licencier, dans laquelle ils joueraient
dans la cour des grands, voilà ! … bon, ils pourraient
avoir des "stocks options" … c'est le seul intérêt,
c'est un intérêt de petite caste peut-être technocratique
à la tête de France Telecom …
Pascale
Fourier : Voilà,
c'était "des sous … et des hommes"...On était
en compagnie de Pierre Khalfa, qui est l'ex-secrétaire fédéral
du syndicat SUD, et on le retrouvera la semaine prochaine...
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